Dislocation des sens
Entendit l’odeur du commencement. Vit la saveur du délice. Toucha le son du goût.
Savoura l’image du plaisir. Sentit les formes et les textures.
L’érotique, c’est la peau humaine dotée d’une mémoire esthétique, un sens de la vie. C’est pourquoi elle disloque les sens pour permettre à son éros de retrouver la place du délice, tel qu’il est reflété dans le miroir de l’univers symbolique.
Tous les sens sont en désordre, tissés, enroulés et entremêlés à leur guise dans le délice érotique de la vie : dans le sexe, dans la création, dans la respiration, dans tout ce qui procure du plaisir aux sens, permettant de coder les pensées qui imaginent la promesse du plaisir sublime.
J’érotise mon regard en effleurant ta géographie avec la pointe de mes arômes.
J’ai senti tes formes avec le goût de tes respirations.
J’ai touché ton désir et vu tes hurlements.
J’ai imaginé la plage et goûté une goutte de mer.
Regardé depuis la diversité multiple qui nous habite, ouvert des fenêtres pour percevoir les mille et une vérités de l’érotique, qui peut être toutes et chacune de ses acceptions.
L’érotique m’inclut dans mon moi collectif et divers. Elle représente les multiples expressions ou chacune d’elles : un symbole qui nous relie dans notre humanité sensible.
Les sens, l’imagination et la créativité sont les outils que nous avons, en tant qu’humains, pour évoquer, invoquer et convoquer la mémoire érotique afin de semer le délice dans la vie quotidienne.
J’imagine le désir, je crée la forme et le son pour que la mémoire érotique prenne des formes et des manières dans les souvenirs de chacun et chacune. Sensible et en alerte, elle chemine avec l’imagination, tissant ce qui relie, avec la créativité en explosion.
L’amour est une subversion dans un monde où prime l’individualisme. Choisir l’amour devient subversif et relève d’une pensée politique propre aux nouvelles sexualités-une résistance.
Reconquérir la tridimensionnalité du corps et du territoire, c’est un acte de résistance contre la violence de la marchandisation de la nature et des corps.
La résistance, c’est donc celle du corps et de sa relation avec d’autres corps et avec son environnement : un corps tridimensionnel, un corps senti-pensant. Un corps qui ressent et pense à partir d’une conscience d’unité avec la terre. Décoloniser le corps du patriarcat binaire, du racisme, du classisme, du colonialisme et du capitalisme, autant de couches de violence qui nous traversent en tant que corps-territoires.
C’est pourquoi décoloniser le corps, c’est le guérir.
Guérir, c’est résister.
Se reconstruire, c’est résister.
Et la guérison, comme la résistance, est collective, communautaire.
Sans peur du plaisir, sans culpabilité, en déconstruisant la hiérarchisation du plaisir imposée par la pensée rationnelle, qui associe plaisir, corps, culpabilité et peur.
Le baiser comme image iconographique du mouvement LGBTQ+ : un gros plan d’un baiser sans genre, seulement deux corps qui s’embrassent, sans différences raciales, sans croyances religieuses, sans idéologies politiques. Juste deux corps qui s’embrassent.
Claraines Guerrero García / mémoriante – écrivaine
María Calle / cinéaste – écrivaine
Manuela Calleguerrero / artiste plasticienne

Acrylique/papier
40,5 x 29,5 cm
2022

Acrylique/toile
64,5 x 99,5 cm
2022

Acrylique/toile
64,5 x 92 cm
2022

Acrylique/toile
72,5 x 91,5 cm
2022

Acrylique/toile
64,5 x 92 cm
2022

Acrylique/toile
72,5 x 91,5 cm
2022

Acrylique/toile
72,5 x 91,5 cm
2022

Acrylique/toile
72,5 x 91,5 cm
2022

Acrylique/toile
64,5 x 92 cm
2022

Acrylique/toile
64,5 x 99,5 cm
2022

Acrylique/toile
72,5 x 91,5 cm
2022

Acrylique/toile
72,5 x 99,5 cm
2022

Acrylique/papier
40,5 x 29,5 cm
2022

Acrylique/toile
72,5 x 91,5 cm
2022

Acrylique/toile
64,05 x 92 cm
2022

Acrylique/papier
40,5 x 29,5 cm
2022

Acrylique/toile
65 x 90 cm
2022

Acrylique/papier
40,5 x 29,5 cm
2022

Acrylique/toile
72,5 x 99,5 cm
2022

Acrylique/papier
40,5 x 29,5 cm
2022

Acrylique/papier
40,5 x 29,5 cm
2022

Acrylique/papier
40,5 x 29,5 cm
2022
Les lèvres, avant-salles délicieuses, jouent avec la langue sublime, experte en plaisirs des sens.
L’usage de la langue et du rire est, sur cette planète, une caractéristique humaine et, dans une certaine mesure, cela dimensionne l’érotisme dans toute sa promesse.
Les lèvres entrouvertes, préludes du plaisir, sont une image qui habite la mémoire érotique de l’espèce. La bouche est une fenêtre et un haut-parleur, elle dit, elle palpe, elle savoure, elle suggère, elle attire, elle excite. Le baiser n’a pas de genre, il est simplement humain. La fenêtre s’ouvre et la langue hôte accueille son visiteur.
Les baisers transportent et ramènent l’amour, les émotions, les sentiments. Le nombre infini de baisers qui habitent les souvenirs humains, baisers d’amour, de haine, de désir, de contagion, de gratitude, de tendresse et de dévotion. Les baisers simples, les complexes, les sublimes et les désenchantés, tant et tant de baisers qui se rangent dans les souvenirs.
Le bébé embrasse le sein, l’amant embrasse le sein, la nymphe frôle le mamelon. L’adolescente découvre la délice et la vieille rappelle la splendeur. Les lèvres invitent, le désir convoque et la lune invoque l’extase. La bouche n’est exclusive de personne, elle peut être désir, nourriture ou promesse. Embrasser est une action que nous accomplissons tous en raison de notre condition humaine.