Qui ne réside qu’un temps, de manière transitoire, en un lieu.
Parler des transeuntes, c’est évoquer deux mouvements qui se répètent et se replient sur eux-mêmes : la mort et le Fou — figure qui accomplit le parcours vital.
Parler de la mort, c’est parler de mouvement, de passage, d’inévitable, d’impermanence, de purification. C’est la vision en rayons X du fou.
Nous percevons la mort parce que nous sommes des passants.
Nous marchons dans les pas d’autres passants, dans la trace d’un autre fini. Et pourtant, nous nous comportons comme des êtres infinis, jusqu’à croire en la fiction du réel. Le concept de « transeúnte » est intimement lié au lieu d’énonciation.
Certain·es perçoivent les transeuntes comme une masse anonyme, des corps de travail, silhouettes en transit dans des villes en développement, définies comme des existences dépourvues de sujet. Leur seule fonction sociale : produire. Cette vision rend invisible et périphérique — par accumulation ou par exclusion — celui ou celle qui ne fait que passer en ville.
Mais il y a d’autres voix. Celles qui s’énoncent depuis le point de vue du transeúnte qui chemine, du fou, du flâneur, du marcheur, qui, par son regard voyeur, saisit le poétique.
Le sujet n’est plus un être stable. Il se construit dans ses passages, dans les croisements où d’autres trajectoires le traversent.
Transeúntes se situe précisément là — dans un autre cadrage de la réalité, où tous les mondes peuvent coexister. Des êtres humains éphémères, comme nous le sommes toutes et tous, dotés d’un corps, d’un regard singulier, d’une logique propre, de chemins, de fantômes, et de manières de marcher.
Ce que la peintre nous propose dans cette série, c’est justement cela : une rencontre poétique, la multiplicité née de la combinaison de trajets et de mémoires, de celles et ceux qui résident transitoirement sur cette terre.
Comme des couches d’histoires entremêlées, repliées encore et encore, elle parle de ces êtres mouvants, de l’élan, de l’action, de la lumière, de la rencontre et du cadrage.
La transhumance — si caractéristique chez Calleguerrero — a fait d’elle une étrangère perpétuelle, toujours en passage.
Elle parcourt / photographie / projette / peint des êtres humains, des corps, raconte des histoires, documente des villes.
Cette fois, tout part d’un travelling réalisé à Lima, où elle capture 900 images par seconde, pour recueillir les pas des absents, des présents, d’elle-même.
Elle photographie son trajet quotidien entre sa maison et son atelier, pendant un an — durée de son séjour à Lima.
Un nouveau lieu, où les souvenirs se construisent dans le déplacement. Des personnes qui ignorent qu’elles sont photographiées. Une vision de la ville en mouvement.
Comme dans son travail sur le portrait et la figure humaine, qui constitue l’axe de la plupart de ses œuvres — qu’elles soient figuratives ou abstraites, dessinées ou peintes —, la photographie et la projection font partie intégrante de son processus créatif.
Dans cette série, Transeúntes, c’est la première fois que l’artiste dévoile la structure même de son processus, à travers l’installation « En attendant le vert », où le mapping lui permet de faire émerger son travail en superposant l’image à l’image, la représentation à la représentation.
Chaque pièce contient l’action, les photogrammes, la mémoire, la présence des anonymes dans lesquels Calleguerrero se reflète.
La peintre accomplit ce parcours comme le fou traverse les archétypes qui nous relient en tant qu’espèce.
Elle ne sépare pas, elle cherche la résonance. Elle subjectivise son chemin et se reconnaît dans la multitude.
María Calle
Commissaire d’exposition

Acrylique sur toile
100 x 120 cm
2013

Acrylique /toile
100 x 120 cm
2013

Acrylique / toile
100 x 120 cm
2013

Acrylique sur toile
100 x 130 cm
2013

Acrylique sur toile
100 x 130 cm
2013

Acrylique sur toile
100 x 130 cm
2013

Acrylique sur toile
100 x 120 cm
2013

Acrylique sur toile
100 x 120 cm
2013

Acrylique sur toile
100 x 130 cm
2013

Acrylique / toile
100 x 120 cm
2013

Huile / panneau
120 x 120 cm
2014

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