Trajectoire erratique ou la quête du mouvement

By

Trajectoire erratique est un terme qui désigne la trace laissée par un corps en mouvement non contrôlé. C’est l’expression la plus utilisée pour décrire le parcours d’un ouragan : l’infinité de phénomènes qui conspirent pour le former, et la manière dont il se déplace sans destination prédéterminée, mû par des éléments inattendus, souvent impondérables, qu’il rencontre sur un chemin qu’il ne contrôle pas, mais qui le conduit inexorablement vers le nord. Erratique, car son destin est ambigu. Erratique, car son parcours est dicté par des forces extérieures, saturé de hasard.

On parle aussi de trajectoire erratique pour décrire l’évolution d’un joueur sur un terrain. Bien qu’il ait un objectif clair, il n’a jamais de position fixe : il se déplace en improvisant des destinations provisoires, réagit à l’imprévisible — ses mouvements deviennent imprévisibles pour lui-même.

Ce concept de trajectoire erratique éclaire ainsi le processus créatif de Manuela Calleguerrero, en soulignant l’événement pictural qui traverse la création de chacune de ses œuvres.

Le mouvement des sportifs dans l’œuvre de Calleguerrero naît comme un prétexte à peindre, pour ensuite devenir l’axe d’un processus transdisciplinaire, où s’entrelacent photographie, graphisme numérique et peinture.

Trajectoire erratique est le résultat d’un processus en plusieurs étapes : à partir d’une photographie, l’artiste élabore une esquisse qu’elle soumet ensuite à des filtres numériques qui mettent en valeur le mouvement lui-même, en exaltant les trajectoires à travers la couleur et la forme. Elle décrit ce processus comme trois œuvres correspondant à une seule image, chacune traitée différemment, chacune esquisse de la suivante. Le but final est d’aboutir à une pièce où la figure se décompose, s’abstrait, et devient mouvement.

Une fusion figure-fond, accompagnée d’une réinterprétation libre de la couleur, propose une relecture de l’image, assimilée par l’artiste et recréée dans une jubilation de couleurs et de formes, inventant un mouvement qui reconnaît la trajectoire erratique qui le compose. Ce que l’œil ne perçoit pas dans la photo ou l’action réelle, la peinture le révèle : une trace de mouvement difficile, voire impossible à saisir autrement. Par ce processus, l’artiste sublime l’apparence de l’invisible.

Mais le dernier « filtre » utilisé est le plus important : celui de son propre regard. L’artiste réinvente l’image en recherchant l’essence du mouvement, exploitant librement les qualités mêmes de la peinture : taches, couleurs, lignes se fondent dans une auto-configuration de l’image, guidée par le hasard. Par moments, elle oublie la figure, la bouscule, la retourne, la redessine, la recompose à partir de ses éléments les plus essentiels, glissant ainsi d’un langage figuratif vers l’abstraction.

L’événement pictural est magnifié dans une dynamique constante entre l’artiste et la figure qu’elle peint — une sorte de danse corps à corps, où surgit ce mouvement qu’elle cherche à capturer. Elle développe ainsi une pratique picturale dynamique, pure et spontanée.

Margarita Posada

Iván Granados Hay

Arbitre
Acrylique / panneau
122 x 122 cm
2008
Saut
Acrylique / panneau
122 x 122 cm
2008
Danse bleue
Acrylique / panneau
122 x 122 cm
2008
En violet
Acrylique / panneau
130 x 120 cm
2008
En orange
Acrylique / panneau
122 x 122 cm
2008
Receveur (Catcher)
Acrylique / toile
122 x 122 cm
2008
Femmes
Acrylique / toile
134 x 98 cm
2008
Athlète en aigue-marine
Acrylique / panneau
60 x 40 cm
2008
Athlètes en vert
Acrylique / panneau
60 x 40 cm
2008
Athlètes en rouge
Acrylique / panneau
60 x 40 cm
2008
Posted In ,

Deja un comentario